Fin octobre dernier, Yohan Senez a été élu membre du comité Directeur de la Ligue Nationale de Basket. Puis par la suite, le 3 novembre, il participait au Comité Directeur qui évoquait la situation créée par le confinement, l’impossibilité pour les clubs d’accueillir du public, et par conséquent la fragilité économique des clubs. Comment ce président de Denain Voltaire gère-t-il cette situation compliquée et que pense t-il des résultats positifs de son équipe qui vient d’enchaîner une jolie série de 6 victoires sur 7 matchs , il a choisi 5by5 pour se confier. »
Salut Yohan, rappelles-nous ton parcours dans les grandes lignes ? Qui-es-tu ?
« J’ai un parcours atypique pour présider un club sportif professionnel : historien de formation universitaire puis professionnellement engagé dans l’action politique et publique locale. Cette responsabilité a été une grande nouveauté pour moi et surtout un grand honneur : à Denain, Voltaire c’est plus d’un club de sport, c’est une vraie institution. »
Qu’est-ce qui t’a poussé à devenir président de Denain Voltaire ?
« Mon prédécesseur et ami Alain Place, président depuis 2014 après l’avoir déjà été dans le passé, voulait tourner une page et trouver un successeur. Nous avons eu plusieurs discussions et avons trouvé ensemble le bon timing. J’étais jusque là un ami du Club et un spectateur assidu, et je dois dire que j’ai été accueilli dans la grande famille du basket denaisien avec beaucoup de soutien et d’énergies positives. J’ai pu m’entourer de dirigeants nouveaux tout en m’appuyant sur les anciens, avec beaucoup de complémentarité et un vrai esprit d’équipe. Une chose est sure, Alain n’avait pas exagéré en me parlant du « poids des responsabilités »… c’est du 7 jours sur 7, mais quel bonheur ! »
Quel est ton rôle en tant que président ?
« C’est être au centre du pilotage et de l’animation d’une équipe et trancher quand il faut. Pour la partie pro j’ai la chance de m’appuyer sur un coach expérimenté, Rémy Valin, et sur un GM très engagé qui pilote la structuration professionnelle du club, Mehdi Chalah. Pour tout le secteur jeune, je peux m’appuyer sur Pierric Poupet, qu’on ne présente plus dans le basket et à Denain. Et puis il y a tous les dirigeants et bénévoles qui font tourner le club au quotidien. Président depuis deux ans, je suis donc en « mode Covid » depuis ma première saison, je pense que cela a modifié les choses, puisque le niveau d’exigence et de responsabilité quant aux contraintes et enjeux sanitaires est très lourd. C’est une charge supplémentaire. »
Yohan, parlons de la situation actuelle, quel est ton avis sur le fait de jouer les matchs à huit clos pour ton club et pour l’ensemble des clubs de basket , et du sport français ?
« Le huis clos est en contradiction avec notre rôle social et notre modèle économique. Notre job c’est de donner du plaisir aux gens, de vivre des émotions, de les partager ensemble. Mais avec la crise sanitaire, le huis clos est la seule possibilité de « tenir bon » dans l’attente du retour du public dans nos salles, en nous appuyant sur les supports numériques qui permettent de suivre les championnats et les rencontres en ligne. C’est une avancée majeure pour le basket professionnel français qui prend tout son sens dans la période. Je veux dire également qu’il y a un vrai « contrat de confiance » avec l’État : le gouvernement n’a pas souhaité l’arrêt de nos championnats et a mis des aides financières compensatoires en face de cette volonté. Pour justement nous permettre de tenir économiquement à huis clos. Alors ce n’est bien sûr pas l’idéal, ce huis clos, ces salles désespérément vides, mais c’est la seule possibilité de survivre à la période. »
Quelles sont les pertes, les conséquences pour un club comme Denain et pour un club en général ?
« Les pertes financières sont liées aux modèles économiques des clubs. Plus un club est dépendant de ses recettes de billetterie, plus il souffre du huis clos. Nous sommes tous dans la même situation : assumer nos charges fixes sans recettes mais avec des aides de l’État. Pour Voltaire, cela compense en partie et nous permet de tenir. Pour le moment. Fort heureusement, les partenaires privés restent présents malgré la période, qui les frappe économiquement en plein cœur : nous savons tous qu’il faut nous serrer les coudes et préparer « l’après crise. »
As-tu un rôle en tant que président de club, par rapport aux décisions de la LNB ? Si oui, lequel ?
« J’ai été élu en octobre dernier au Comité Directeur de la Ligue National de Basket et à celui de l’Union des Clubs Professionnels de Basket. C’est un grand honneur pour moi en tant que jeune Président et pour Denain Voltaire qui est un club historique du basket français. Je participe donc aux réunions avec un lien particulier avec les clubs de Pro B. C’est très enrichissant et cela permet surtout de comprendre la complexité des choix qui se posent. Notre Président Alain Béral et son équipe ont fait preuve de sang froid et de détermination, en assumant les choix difficiles. Je suis très fier d’être monté dans le train à leurs côtés. »
Parlons maintenant des performances de ton club, qui malgré la situation compliquée, réalise un début de saison exceptionnel, quelle est la force de Denain cette saison ? Comment juges-tu les résultats de ton club ?
« Oui, nous sommes en haut du classement de ce championnat si particulier avec une jolie série de 6 victoires sur 7 matchs. C’est une sacrée performance, j’espère que le championnat va vite reprendre pour que l’équipe continue de se déployer et de faire ses preuves. Je pense que nous avons eu raison d’effectuer des réglages nécessaires en début de saison pour trouver notre bon rythme et notre complémentarité. »
Un mot sur les recrues de Denain, tu es content j’imagine ?
« Heureux et fier ! L’équipe m’impressionne vraiment, elle a trouvé sa cohésion et sa force dans la difficulté de la période, avec beaucoup de solidarité, autour du coach et de notre capitaine Chris N’dow. C’est d’autant plus remarquable que c’est une équipe jeune, confrontée à l’isolement social avec cette crise sanitaire, mais qui a montré qu’elle ne lâchait rien jusqu’à la dernière minute du match. Il y a de vrais talents en éclosion, des jeunes joueurs qui trouvent à Denain une belle poursuite de formation, qui découvrent la Pro B avec du temps de jeu et l’occasion de faire leurs preuves. Vivement de les revoir sur le parquet de Jean Degros, soutenus par leur public et par les Galibots ! »
Quels sont les objectifs à court terme et long terme de Denain ?
« A court terme, nous maintenir à ce niveau dans le championnat, et tenir bon face aux conséquences de la crise sanitaire. A moyen plus qu’à long terme, mon équipe et moi sommes mobilisés par la création d’un Centre de formation, forcément ralentie par la saison que nous vivons : des jeunes vont participer aux entraînements pros, des synergies nouvelles sont crées, nous avançons sur ce chemin. Quelle fierté ce serait de voir de jeunes joueurs pro sortir de notre Centre de formation. C’est en plus l’ADN et l’histoire de notre Club… fondé en 1947 dans la coure d’une école, l’école Voltaire ! »
Un grand Merci à Yohan pour l’interview et au club de Denain Voltaire !