Atteint du syndrome de Marfan et interdit de jouer en NBA, le poitevin du PB86, Jonathan Jeanne, passé par le club de Tarbes récemment, s’est battu pour pouvoir, à nouveau, fouler un terrain de basket. Son parcours, sa maladie, sa venue à ici Poitiers, et ses projets, il s’est confié ! Reportage exclusif vidéo 5by5
Aux portes de la NBA, il a vu son rêve se briser, lui qui voulait faire du basket sa destinée. Un sport qu’il découvre « un peu par hasard », en Guadeloupe, son île natale. « Étant jeune, j’ai fait de l’athlétisme. Mais courir sans vraiment d’objectif, ça ne m’intéressait pas. Et puis avec mon frère, on a essayé le basket », raconte-t-il.
Lors de ses 13 ans, le basketteur intègre le CREPS (Centre de Ressources d’Expertise et de Performance Sportive) de Guadeloupe, puis le pôle Antilles l’année suivante. Le nom de Jonathan Jeanne commence à faire du bruit, et en 2012, pour ses 15 ans, le jeune homme débarque à l’Insep. En métropole, loin de sa famille et de ses amis, l’acclimatation n’est pas facile. « Du jour au lendemain, je me retrouve à 8 000 kilomètres de chez moi dans un environnement où il fait froid et où il neige ! C’était un vrai cap à passer », se souvient le jeune prodige.
En 2016, Jonathan Jeanne a 18 ans et est éligible pour se présenter à la prestigieuse Draft NBA. Il ne se sent pas prêt et préfère renoncer. « Au Mans, il y avait beaucoup de concurrence à mon poste et je n’avais pas de temps de jeu »,explique-t-il, très lucide sur sa situation de l’époque.
Il va alors continuer son développement, gagner en responsabilités et un an plus tard, en 2017, va inscrire son nom à la Draft. 2,18 m de hauteur pour 2,32 m d’envergure et du talent plein les mains, Jonathan Jeanne est particulièrement suivi par les recruteurs. Sa côte est très élevée. Il est même annoncé aux alentours de la vingtième position. « Il y a beaucoup de stress. On sait que notre vie est sur le point de basculer. Il y a la pression médiatique et familiale, ce n’est pas facile à gérer », se rappelle-t-il.
Quelques semaines avant l’évènement, il se rend à Chicago pour le Draft Combine, un camp qui regroupe les meilleurs talents du monde entier et qui permet aux franchises NBA de juger le potentiel de chacun. Là encore, l’ancien pensionnaire de l’Insep impressionne. Grande taille, mobilité, tir extérieur, tout y est. « Je suis vraiment focus. Je me rends compte que je peux aller en NBA ». Aux portes de la NBA, alors qu’il est sur le point de réaliser son rêve, sa vie bascule. Dans un premier temps, les médecins lui informent que les résultats ne sont pas concluants et qu’il va falloir passer des examens complémentaires. « Sur le moment, je ne comprends pas trop, mais avec mon agent on décide de se plier aux exigences de la NBA », nous confie-t-il. La contre-expertise tombe, le verdict est donné : Jonathan Jeanne est atteint du syndrome de Marfan, une maladie génétique rare qui touche les personnes de grande taille et peut provoquer une dilatation de l’aorte.
Les médecins sont formels, la pratique du basket est trop dangereuse, il ne pourra plus jamais fouler un parquet. Il est déclaré inapte à la pratique du sport de haut niveau. « C’est une incompréhension totale. De quoi me parlent-ils ? Je suis passé dans les meilleurs instituts comme l’Insep et je n’ai jamais eu ce problème avant », raconte-t-il écœuré. En quelques minutes, le jeune homme voit son monde s’écrouler. Il refuse d’y croire. Les portes de la NBA se referment devant lui. Il a 19 ans, sa vie prend un nouveau tournant. « C’est injuste. Dans ma tête, c’est le néant. »
Quelques années plus tard, il est devenu l’un des joueurs « Chouchou » du public de St-Eloi au PB86, club évoluant en ProB, et pour lui, cela est une victoire sur la vie. « C’est beau, je me suis battu pour cela, je remercie tout le monde, ma famille, mes proches, et Dieu »