« Sans partage, sans cette ferveur, sans aventure humaine, le sport serait bien fade… »

26 octobre 2015

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Jean-Charles Charly Guillon a différents rôles dans le sport dont celui du préparateur physique au sein du PB86. Il a aidé notamment le tennisman Jo.Tsonga il y a quelques années et occupe également aujourd’hui un poste d’enseignant de sport au sein d’un lycée. 5by5.fr a eu le plaisir de le rencontrer. Interview exclusive. 

Présentez-vous, quel est votre parcours ?CHARLYTSONGA

« J’ai 47 ans, célibataire sans enfant. J’ai un parcours universitaire (Capes) et une formation d’athlète (ancien champion de France universitaire sur 400m). Rapidement, avec quatre années de prof d’EPS, j’ai basculé parallèlement puis intégralement dans une fonction de préparateur physique. Ma première expérience remonte à 1992 où le PB86 s’appelait CEP Poitiers et évoluait en N3. En 1998, je suis entré à la Fédé de Tennis sur le pôle France tennis de Poitiers 11/15 ans. J’y suis resté 14 ans en tant qu’entraîneur national. Parallèlement, j’ai pu préparer les basketteurs et vivre l’ascension du club de N2 à la PRO A en 2009. À partir de cette date là, je me suis consacré uniquement à la préparation physique des joueurs de tennis, toujours à la FFT jusqu’en 2012, puis en suivant le N°1 junior vietnamien sur le circuit mondial pendant un an. Sur la fin de saison 2014/15 le PB86 a de nouveau fait appel à moi pour re-préparer l’équipe. Ce fut une belle expérience malgré notre défaite en finale contre Bourg en Bresse. Pour terminer, Ruddy NELHOMME m’a recontacté pour la nouvelle saison qui vient juste de démarrer. »

Comment est venu cette idée de préparateur sportif ?

« En fait, très tôt j’ai eu envie de coacher et très vite des opportunités se sont créées. Souvent, au niveau professionnel, c’est le hasard des rencontres qui font que les choses se font. Au début des années 90 il n’y avait pas de diplômes de préparateur physique comme aujourd’hui. L’exigence au haut niveau a imposé aux sportifs qu’ils soient mieux préparés. Ainsi, naturellement, on a fait appel à des personnes qui étaient profs d’EPS et athlète…ce qui était mon cas. Ma première expérience fut d’encadrer 3 joueurs de tennis et ensuite, d’être mis en relation avec le CEP basket. L’histoire pouvait commencer….. »

Vous avez coaché beaucoup de grands champions suite à 14 ans à la fédé de tennis , je pense notamment à Jo Tsonga, peut-on parler d’une fierté ?

« La fierté n’est pas, contrairement à ce que beaucoup de monde croit, d’avoir entraîner de grands joueurs. Un champion devient un champion car il en a le talent et surtout parce qu’il a une capacité mentale au dessus de la moyenne. Personnellement, j’ai toujours trouvé plus épanouissant de voir un sportif progressé et à avoir du plaisir. Le haut-niveau m’a surtout appris que ça se jouait à peu de choses : le talent bien entendu, la chance, le soutien familial, l’encadrement sportif et la SANTÉ. Dans mon domaine, je suis intervenu modestement sur les deux derniers points. »

Quelles qualités faut-il avoir pour être coach ?

« En tant que coach physique, il faut surtout maîtriser ce que l’on enseigne. La formation initiale est déterminante. J’ai eu la chance de toucher à beaucoup de sports qui m’ont donné cette culture indispensable. Par ailleurs, le fait d’être athlète est selon moi le plus indéniable. Il ne faut pas oublier que l’athlétisme est le sport de base pour n’importe quel sportif (courir, sauter et lancer). L’athlétisme et l’ensemble des entraînements que j’ai pu vivre m’ont procuré ce fameux feeling qui permet de s’adapter le plus vite possible à un problème. Dans mes entraînements, je suis 90% de ce que j’ai prévu. Les 10% restant sont de l’ajustement qui font souvent la différence à haut-niveau. Enfin, pour être un bon coach, il est indispensable d’avoir une sensibilité psychologique avec les joueurs. Si les joueurs ne croient pas en toi, c’est difficile… »

Vous êtes régulièrement à l’entraînement du PB86 pour aider Ruddy et Antoine, Que faites-vous exactement avec les joueurs, quel est votre rôle ?

« Souvencharly guillon 5t on pense que le préparateur physique est le seul garant de la forme des joueurs. En fait, ceci est très réducteur. Il ne faut pas oublier que quand les joueurs s’entraînent baskettement, ils s’entraînent AUSSI physiquement. Ainsi, avec Ruddy et Antoine que j’ai la chance de connaître depuis très longtemps, il y a un équilibre naturel qui s’opère. Mon but est de développer des qualités qu’il est difficile de travailler sur un terrain (vitesse pure, force avec charge, souplesse, coordination générale…). Par ailleurs, je pense que j’ai un autre regard sur les joueurs et ces informations que j’ai pu collecter, je vais pouvoir en faire profiter à mes collègues.

En même temps, vous êtes professeur de sport dans un lycée professionnel. Quelles sont les valeurs que vous mettez en priorité avec vos élèves ?

« Bien évidemment, le travail est complètement différent, plus éducatif et social. Ayant un public composé essentiellement de garçons issus de catégories sociales défavorisées, mon discours est davantage axé sur le respect des valeurs, le travail, la capacité à répéter sans rechigner…Pour beaucoup de ces élèves, l’avenir est incertain. Mon rôle est aussi de les rassurer et les aider à trouver leur voie. »

Que représente pour vous le respect dans le sport ?

« La notion de respect est aujourd’hui un concept souvent galvaudé. Dans le monde professionnel, la part économique est devenue déterminante et les enjeux sont de plus en plus importants. Ainsi, cette inflation se fait souvent au détriment des valeurs du sport. Néanmoins, je me borne à penser qu’il est possible d’avoir des résultats avec des valeurs nobles qui paraissent un peu « vieillottes » aux yeux de certains. Pour un joueur professionnel, le respect c’est avant tout se respecter soi-même et donner le maximum de ce que l’on peut aux entraînements et aux matchs. Il n’y a rien de pire que de vivre sur des regrets. Je crois en une certaine logique dans le sport. »

Le titre de champion de pro B avec le PB86 fait-il parti de vos plus beaux souvenirs ?

« En effet, en tant qu’entraîneur, il en fait parti. Néanmoins, plus que le titre, c’est le parcours effectué en amont que je garde en mémoire. À Bercy, j’ai surtout souvenir du chemin parcouru entre les matchs du Dolmen (N3) devant 30 spectateurs et la finale au POPB devant cette marée bleue qui nous soutenait. . Ainsi, ce sont ces valeurs qui permettent de soulever des montagnes et c’est pour cette raison que je suis revenu épauler le PB86 avec un groupe jeune et ambitieux. »charly guillon2

Envisagez-vous d’autres projets par la suite ?

« Ça va peut-être te paraître bizarre, mais je ne suis pas du tout projet ou carriériste. Quelqu’un qui l’est passera à côté de ce qui fait la quintessence de notre métier. Actuellement, j’ai un groupe de 3 joueurs de tennis (dont une joueuse professionnelle), le PB86 et mes lycéens, ça me va bien. Quand j’en aurais marre, je changerais… »

Propos recueillis par 5by5.fr

25/10/2015

Auteur
Mallory

Mallory

Passionné par le sport et la communication sportive, Mallory est depuis 2014 responsable du site 5by5.fr. N'hésitez-pas à le contacter pour une demande d'interview ou pour toutes autres demandes en rapport avec 5by5 !