Benoit Boré-Dubois : « Karim Benzema, métaphoriquement par son jeu, permet de comprendre à lui seul le travail du psychologue en milieu sportif… »

1 mai 2020

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Originaire de Poitiers, basketteur et arbitre à Châtellerault pendant plusieurs années, Benoit Boré-Dubois a dédié son cursus universitaire à la réalisation d’un rêve d’enfant : accompagner les sportifs de haut niveau. Grand passionné de sport, il a commencé très jeune à s’interroger sur les mécanismes psychologiques qui régissent la performance en me posant cette question : Que se joue-t-il lors de la performance ?

Pour 5by5, il a eu le plaisir de se confier sur son parcours, sur sa passion pour la psychologie sportive et nous a parlé concrètement de l’ouverture de son cabinet. Interview inédite.

Salut Benoît, peut-tu te présenter en quelques mots ?

« Je m’appelle Benoit Boré-Dubois, j’ai 24 ans, je suis un ancien joueur, coach et arbitre du club de Châtellerault. Je me suis longtemps consacré au basket du 86, et maintenant je suis psychologue à Montpellier. »

Un mot sur ton parcours ?

« J’ai commencé le basket à Châtellerault, et c’est ici que j’ai joué la majorité de mon temps, mis à part un passage éclair à l’ASPTT Poitiers. De mes 8 ans à mes 21 ans, j’ai occupé les différentes fonctions d’entraineur, joueur et arbitre au sein de mon club.  C’est là que j’ai commencé à me poser des questions sur la psychologie du sport étant quelqu’un d’assez combatif sur le terrain, je faisais des efforts et je n’arrivais pas tout le temps à bien gérer mes émotions. »

Quel bilan fais-tu de ce parcours ?

« Assez mitigé je dirais car très vite, j’ai été blessé. A 16 ans, je me suis fait une inflammation du tendon rotulien qui m’a empêché de jouer comme je le voulais. Par exemple, je ne pouvais pas défendre et n’y prendre de rebonds à haute intensité. Je souffre encore de cette blessure aujourd’hui, j’ai repris le basket un peu cette année et j’essaye de réussir à jouer avec celle-ci.
Mis à part ça, j’ai adoré arbitrer notamment pour le côté humain avec l’entente avec les joueurs, joueuses et les autres arbitres, je pense notamment à Corentin Babin, qui a arbitré avec moi, et qui est devenu un super ami. Puis à l’âge de 21 ans, j’ai arrêté le basket pour me consacrer à mes études et à mes stages mais toujours en lien avec le sport. »

Aujourd’hui, où en es-tu ? que fais-tu ?

« Aujourd’hui, je suis à Montpellier depuis 2017 où je suis allé faire un master qui m’a permis de devenir psychologue clinicien ainsi que psychologue du sport.
Là-bas, j’ai donc fait ma première année d’étude tout en réalisant un service civique au Creps de Montpellier où grâce celui-ci, j’ai été Lauréat de l’institut de l’engagement en 2018. J’avais pour missions d’aider les sportifs de haut niveau sur les aspects sociaux-éducatifs et culturels de leur vie quotidienne, et en parallèle, j’ai réalisé un stage de recherche au pôle de préparation olympique d’épreuves combinées de Montpellier.
Lors de ma seconde année de master, j’ai retravaillé à nouveau au Creps de Montpellier mais cette fois en tant qu’assistant éducation où je surveillais leurs internats. Cette expérience a été très riche et intéressante sur le plan humain et professionnel. Les jeunes sportifs m’ont beaucoup apporté et m’ont permis de passer des moments incroyables avec eux. Grâce à eux, j’ai pu côtoyer quotidiennement la vie d’un sportif de haut niveau du matin au couché. J’en profite donc pour remercier tous ces jeunes. A côté, je réalisais deux stages : au centre de formation du BLMA, club de basket féminin de Montpellier, pour travailler sur la dynamique de groupe et un autre au pôle de préparation olympique d’athlétisme où j’intervenais comme psychologue-stagiaire auprès d’athlètes. C’est à la suite de ces deux années que j’ai obtenu mon titre de psychologue clinicien. »

Qu’est-ce qui t’as donné envie de monter ce projet d’être psychologue clinicien et psychologue du sport ?

« Je pense que la première fois que j’ai su que je voulais être psychologue  c’était au collège. Ma meilleure amie de l’époque m’avait dit qu’elle pensait que je serai psychologue plus tard, elle ne sait pas tromper, et honnêtement à cette époque elle était la seule à y croire.
Puis, petit à petit, je me suis dit que ça serait cool d’être psychologue aussi auprès de sportifs de haut niveau. Je me rappelle de moi étant plus jeune (13 ans) quand je regardais sur OL TV tous les entraînements et les matchs de l’Olympique Lyonnais, des U13 aux Séniors. C’est à ce moment que j’ai remarqué que certains jeunes n’avaient pas percés dans le milieu professionnel alors qu’ils étaient des pépites à leur âge.  Par exemple on peut prendre le cas de Yannis Tafer, ou bien encore Yassine Benzia. Ce dernier est bien professionnel mais quand il avait 15-17ans il était le meilleur de sa génération et il était annoncé comme un futur grand. Et donc, je me suis dit qu’il y avait des multiples raisons (blessure, pas de chance, différence tactique…) pour expliquer cet « échec » et celle qui m’a le plus inspiré est bien-entendu l’aspect psychologique. C’est pourquoi aujourd’hui, je suis passionné par mon métier, et de pouvoir par l’intermédiaire du travail que j’effectue avec le centre de formation du BLMA réalisé un rêve d’enfant qui je l’espère ne fait que commencer.

Enfin la dernière raison qui m’a poussé à devenir psychologue est un petit peu plus atypique. Mon entourage le sait, je suis complètement admiratif du jeu proposé par Karim Benzema. Et d’une certaine manière c’est grâce à lui que je suis psychologue du sport aujourd’hui. C’est très simple, il m’a fait voir le sport autrement. Grâce à lui j’ai vu le sport non pas seulement pour les statistiques, la dualité victoire-défaite, mais pour son côté artistique. J’entends par artistique la capacité d’un individu à créer. Et ce que fait Benzema c’est fou : une touche de balle, prise d’espace pour libérer le partenaire, prise d’espace pour soutenir les latéraux, orientation du jeu, contrôle orienté etc. Tout ce que fait Benzema est d’une grande justesse dans l’art de déplacer le ballon sur le terrain pour s’approcher du but. Si je devenais définir son jeu, je dirais que c’est un créateur d’espace et de mouvement par ses contrôles, ses passes, ses appels, et ses courses de soutien.
Pourquoi vous dire tout ça ? Car Benzema métaphoriquement par son jeu permet de comprendre à lui seul le travail du psychologue en milieu sportif : permettre au sportif de créer du mouvement psychique, de se décentrer de la performance pour pouvoir atteindre son but. « 

J’ai ouvert mon cabinet depuis le 1er mars 2020, les débuts sont très positifs malgré le confinement…

Aujourd’hui, où en es-tu par rapport à ce projet ?

« J’ai ouvert mon cabinet depuis le 1er mars 2020, les débuts sont très positifs malgré le confinement. Je propose mes services pour les adultes, les adolescents, les étudiants et bien entendu les sportifs de haut niveau. Pendant le confinement, les séances s’effectuent par téléconsultation. Sinon, au niveau du sport particulièrement, j’ai travaillé cette année une nouvelle fois avec le centre de formation du BLMA avec un rôle plus important. Je me suis occupé de la dynamique de groupe, de l’accompagnement des blessés longue durée et de certaines joueuses sur la gestion des émotions. Je continue aussi ce travail à l’aide des téléconsultations
Je me suis engagé aussi dans une association qui s’appelle le « Comité Ethique et Sport » dans laquelle nous travaillons autour des agressions, du harcèlement et des discriminations dans le sport. »

Un petit point maintenant sur tes objectifs à court terme et long terme ?

« À court terme, j’aimerais continuer à développer mon activité libérale, et notamment avancer sur le projet d’accompagnement des arbitres que je réalise en cabinet mais aussi par l’intermédiaire du Comité Ethique et Sport dont je suis le responsable de la cellule d’accompagnement des arbitres. A long terme, j’ai bien envie de participer grâce à mon activité à Paris 2024, et j’aimerais écrire des articles ou pourquoi pas un livre sur la conception du sport comme un art, et sur l’utilité de cette approche pour accompagner les sportifs. »

En dehors de tout cela, quelles sont tes autres passions ?

« Mes passions comme vous avez pu le comprendre sont le sport, l’Olympique Lyonnais, et voir jouer Benzema ! Sinon, j’aime beaucoup les livres de science-fiction comme les utopies et les uchronies. En ce moment, je me passionne pour la période de l’Antiquité qui me fascine pour ses connaissances et sa similitude avec notre époque. Je trouve que ça permet de prendre du recul sur notre temps et de l’envisager, le comprendre avec humilité. Ah oui, je suis aussi un inconditionnel du Karaoké ! « 

Un petit mot pour la fin ?

« J’aimerais remercier mon entraîneur de toujours, Michel Bigos, à Châtellerault que je n’ai pas eu l’occasion de revoir depuis mon départ à Montpellier. Je lui en ai fait baver, mais il m’a permis de me développer, et prendre confiance en moi. J’aimerais aussi remercier Jean-Christophe Aubin, le directeur du CREPS de Montpellier, qui a joué un rôle prépondérant dans mon épanouissement personnel et professionnel à Montpellier. »

 

Un très grand Merci à Benoit pour cette interview et ce témoignage !

Retrouver Benoit-Boré-Dubois sur ses réseaux sociaux (voir photo) et sur son site web : https://www.bore-dubois-psychodusport.fr/

Vous souhaitez un rendez-vous médical (psychologue) avec lui : 

https://www.doctolib.fr/psychologue/montpellier/benoit-bore-dubois?fbclid=IwAR0pIpHTJ7i1hPBES_XSfXaAXe1C4kHn92CmpHPwIFL1kZ1J4YYhyhiDwRM

 

Auteur
Mallory

Mallory

Passionné par le sport et la communication sportive, Mallory est depuis 2014 responsable du site 5by5.fr. N'hésitez-pas à le contacter pour une demande d'interview ou pour toutes autres demandes en rapport avec 5by5 !