A quelques jours de la reprise des différents championnats de basket, nous sommes allés à la rencontre de Jordan Wallet, jeune arbitre, qui à seulement 23 ans est à la porte du monde professionnel dans l’arbitrage mais également président d’un club amateur : L’étendard de Brest ! Interview inédite 5by5.fr
Salut Jordan, présentes toi en quelques lignes , qui-es-tu , que fais-tu ?
« Je m’appelle Jordan, j’ai 23 ans et je vis actuellement à Brest. J’ai fini mes études l’année dernière avec un Master 1 « Manager de Business Unit » et je commence un nouveau travail début septembre dans une société d’électronique en tant que gestionnaire de flux. »
Parles-nous de ton parcours en général dans le basket ?
J’ai commencé le basket à l’âge de 5 ans au sein de l’Etendard de Brest. Le choix du basket pour moi a été plutôt simple dans le sens où toute ma famille est issue du basket. En effet, c’est mon arrière grand-père qui a créé le club de l’Etendard de Brest , voyant certains membres de ma famille devenir joueurs ou encore président par la suite comme mon grand-père Yvon TANGUY, je suis donc tombé dans la marmite dès mon plus jeune âge. Pour ce qui est de mon parcours de joueur, j’ai réalisé étant plus jeune les sélections départementales et j’ai joué de la catégorie U13 à U17 au niveau régional toujours au sein de l’Etendard de Brest.
En ce qui concerne la partie président du club de l’Etendard 1952, cela est survenu suite à la liquidation du club de l’Etendard de Brest. Cet événement qui était inévitable a été un gros coup dur pour toute ma famille et pour l’ensemble des personnes qui y étaient attachés puisque le club comptait plus de 150 licenciés. A la suite de cela, la première question que l’on s’est posée avec mon grand-père (ancien président de l’Etendard de Brest) était : « Que faisons-nous ? ». Nous avions le choix de laisser partir tous les licenciés dans les autres clubs de Brest ou bien repartir de zéro et créer un nouveau club. Il nous était impossible de rester sans rien faire et de tout laisser tomber, mais nous avions une seconde interrogation qui était la suivante : « Qui serait prêt à nous suivre et à reconstruire quelque chose à nos côtés ? ». Mon grand-père a donc décidé d’envoyer un communiqué à tous les licenciés, bénévoles, dirigeants de l’Etendard de Brest pour réaliser un rassemblement afin de pouvoir évaluer les personnes qui seraient prêtes à nous suivre. Très sincèrement, nous pensions ne voir que quelques personnes.. Et à notre grande surprise, les gradins dans lesquels nous avions l’habitude de réaliser les grandes réunions étaient rempli ! Cela nous a vraiment donné un second souffle et nous a permis de refaire le plein de motivations pour prendre la décision de recréer un nouveau club et repartir de zéro en reprenant les droits sportifs de l’ancienne association. A partir de ce moment là, nous avions des bénévoles motivés, des personnes souhaitant intégrer le bureau directeur ainsi que 85% des joueurs souhaitant intégrer le nouveau club. Il manquait toute fois un « petit détail » dans cette histoire, à savoir qui serait le président de cette nouvelle association… Peu, pour ne pas dire aucune personne, ne voulait se lancer dans cette fonction et mon grand-père ayant pris la décision d’arrêter quelques mois auparavant la présidence et faisant parti du bureau directeur de l’ancienne association ne pouvait se représenter. Pendant plusieurs jours la question restait sans réponse jusqu’au soir ou.. J’étais chez mes grands-parents comme très souvent, et ma grand-mère commença à relancer le sujet du «futur Président » avec un léger sourire, en étant insistante du regard vers mon grand-père comme pour le pousser à se dévoiler.En y repensant c’était une scène assez drôle dans le sens où c’était la première fois que je le voyais gêné de me demander ce qui ressemblait à un cadeau empoisonné. Quelques secondes après il m’a posé la question : « Et pourquoi pas toi ? ». Nous avons ensuite échangé là dessus et j’ai décidé d’accepter. Nous avons organisé quelques jours après une réunion pour élire les différents responsables de l’association et j’ai donc été élu à l’unanimité président de l’Etendard 1952. Cela va bientôt faire un an que le club a été crée et cela a été vraiment une très belle année avec des moments difficiles du fait que c’est une reconstruction, mais avec également de très belles choses de réaliser en étant impatient que la saison suivante recommence. J’en profite pour remercier l’ensemble des dirigeants et des bénévoles qui ont permis de réaliser une très belle saison notamment aux niveaux des équipes de jeunes. »
Parmi tes différents rôles, tu es donc arbitre, comment es-tu devenu arbitre et qu’est-ce qui t’as poussé à le devenir ?
« Je suis devenu arbitre vraiment par hasard. Comme dans beaucoup de clubs, il manque des arbitres (non officiel) pour diriger les rencontres de jeunes, le plus souvent le samedi après-midi. On m’a donc proposé d’essayer en étant accompagné d’un adulte, j’avais 12 ans, j’ai donc accepté pour découvrir. Cela m’a tout de suite plus, j’aimais le fait de pouvoir diriger une rencontre, faire appliquer les règles et avoir des responsabilités. J’ai donc continué à arbitrer dans mon club tous les samedis après-midi puis au bout de quelques semaines, j’ai commencé à arbitrer les seniors le dimanche. J’ai ensuite attendu d’avoir 13 ans pour commencer la formation d’arbitre départemental. »
Aujourd’hui, où en es-tu ?
« Dans l’ensemble, je suis plutôt satisfait de ma deuxième saison en NM1. J’ai officié une très bonne partie de la saison en NM1 en arbitrant quelques fois le niveau LFB. Les retours ont été positif et j’ai senti une progression entre le début et la fin de la saison, ce qui est le plus important. J’ai pu avoir une progression constante grâce au suivi de mon tuteur, Bertrand MACHABERT (Arbitre de Pro B) ainsi qu’à Morgane PETIT qui est présidente de la C.R.O en Bretagne et qui me suis depuis mes débuts dans l’arbitrage. Je profite d’ailleurs de ce moment pour les remercier tous les deux. »
« Du point de vue relationnelle avec les joueurs et les coachs, du fait que ce soit ma 2ème saison, cela facilite les échanges. Les différents acteurs commencent à me connaître et à me faire confiance. Le plus dur a été durant ma 1ère saison, puisque les coachs et les joueurs ne me connaissaient pas et de ce fait viennent te tester pour connaître tes réactions et analyser si tu es capable de tenir la rencontre. Cela fait parti du jeu et c’est à moi de prouver qu’ils peuvent me faire confiance. »
« Pouvoir me dire qu’à 23 ans, je vais avoir la chance d’officier sur des rencontres de Pro B, c’est quelque chose d’exceptionnel pour moi…. »
A seulement 23 ans, tu vas débuter l’année prochaine au sifflet en Pro B, bravo ! quelle est ta réaction ? Parles-nous de ta progression.
« Tout d’abord merci. Ce n’est pas entièrement une accession en Pro B, je vais faire parti du groupe passerelle entre le championnat de NM1 et de Pro B, ce qui signifie que cette année, va être un test pour moi et mon objectif va être de continuer de progresser pour valider ce niveau. Ma première réaction a bien évidemment été un grand moment de fierté ! Pouvoir me dire qu’à 23 ans, je vais avoir la chance d’officier sur des rencontres de Pro B, c’est quelque chose d’exceptionnel pour moi. J’ai bien profité de ce moment, mais il faut maintenant vite redescendre sur terre et se remettre au travail pour être prêt le plus tôt possible avec les rencontres de préparations qui vont commencer.
En ce qui concerne mon parcours dans l’arbitrage, j’ai reçu mon diplôme d’arbitre officiel à l’âge de 15 ans, j’ai ensuite accédé 1 mois après au niveau 3 seniors régional en validant la même année mon intégration au centre de formation des jeunes arbitres qui se situé à St Brieuc en Bretagne. Ce centre de formation était sous forme de sport & étude classique comme pour tous les sports que l’on peut retrouver mais uniquement réservé pour les arbitres de Basket-ball bretons. Cette formation m’a permis de grimper très rapidement les niveaux grâce à la formation de Patrick TAFFIN (ancien arbitre de Haut-Niveau) puisque 4 mois après avoir intégér ce centre j’ai pu accéder au niveau 2 régional pour terminer la saison au niveau 1 régional (Pré-national Masculine) à l’âge de 16 ans. J’ai effectué toute la saison suivante en PNM ce qui m’a permis d’acquérir de l’expérience au niveau régional. A la fin de cette saison j’ai eu la chance d’accéder au niveau CF2 (Championnat de France 2) qui correspond au niveau NM3, NF3, NF2 & NF1 à 17 ans. J’ai ensuite officié à ce niveau là pendant 4 années en suivant en parallèle différents stages de formations et d’accessions pour être admis dans les stages nationaux de perfectionnement qui s ‘étendent sur 3 ans. Cette filière comprend différents stages avec des thèmes précis pour chacun d’entre eux tels que la mécanique, le jugement, la préparation physique ou encore la gestion. Pendant ces 3 années nous avons été accompagnés par des arbitres de haut-niveau avec pour référant Abdel HAMZAOUI (Arbitre de PRO A) et comme « fil rouge » Johan JEANNEAU (Arbitre de PRO A). A la suite de ces 3 ans, cette formation s’achève par un dernier stage sur le thème de la « Gestion » qui pour moi s’est déroulé lors du tournoi international de CHOLET. Nous sommes évalué sur l’ensemble de notre prestation lors du tournoi et sur la progression que nous avons eu lors de nos 3 ans de formations. Ce stage permet par la suite d’être sélectionné au stage pour accéder au Haut-niveau qui se situe à l’INSEP. J’ai eu la chance de réaliser un bon tournoi à CHOLET en étant nominé sur la finale et j’ai par la suite était sélectionné pour aller au stage d’accession à l’INSEP ce qui a été une très belle surprise pour moi ! Je me suis donc rendu au stage de l’INSEP durant l’été de 2015. Stage qui s’est très bien passé pour moi puisque je termine à la 3ème place sur 12 participants. Quelques semaines suivant le stage, le 5 juillet vers 16h, j’ai reçu un appel pour m’annoncer que j’accédais au Haut-niveau (NM1), je ne pourrai même pas expliquer la joie que j’ai ressentie à la fin de cet appel ! A partir de la saison prochaine, je vais donc comme je l’ai dit précédemment faire parti dès la saison prochaine du groupe passerelle NM1/PRO B. »
Quels rapports as-tu avec les autres arbitres, les connais-tu ?
« Oui bien sûr, alors je ne connais pas tous les arbitres personnellement du fait que durant la saison, c’est impossible de croiser l’ensemble des collègues mais avec certains collègues on s’appelle régulièrement pour échanger sur nos rencontres, nos vies… On essaie régulièrement de se retrouver après nos matchs, quand certains officient proche l’un de l’autre, pour manger ensemble et échanger de nos expériences ! Jusqu’à présent, j’ai toujours officié avec des collègues plus âgés et plus expérimentés que moi, cela a vraiment était bénéfique puisque la plupart sont vraiment dans l’esprit de partage, transmettre et faire progresser les plus jeunes qui arrivent dans la division. Et je peux vous assurer que chacun des conseils que ce soit sur la façon d’être, les différentes manières de travailler ou encore sur la partie purement terrain, m’ont permis de progresser match après match. »
As-tu un objectif dans l’arbitrage, si oui lequel ?
« Je pense qu’il est important dans l’arbitrage comme dans la vie, de se fixer des objectifs pour avoir envie d’avancer, d’évoluer et rester motiver. Mon objectif à court terme est dans un premier temps de réaliser une bonne saison dans la globalité afin de pouvoir valider un passage en proB. A long terme, mon objectif serait d’atteindre la 1ère division française, à savoir la proA et pourquoi pas devenir arbitre international (Je suis récemment allé à Malte pour un séjour linguistique afin de progresser en Anglais). Mais pour atteindre ce niveau, je suis bien conscient que la route est encore très longue et que je vais devoir travailler dur ! Et enfin, mon plus grand rêve serait de pouvoir officier un jour sur les Jeux Olympiques… »
A coté de l’arbitrage, tu t’occupes également de l’étendard, ce club est quelque chose d’important pour toi j’imagine ?
« Comme j’ai pu l’expliquer précédemment, ce club représente ma famille, la famille TANGUY, j’ai passé tellement de moments formidables au sein de ce club, comme la montée en PRO A et le titre de champion de France de PRO B à BERCY par exemple. Si j’ai repris ce club c’est vraiment par amour et après tout ce qu’a pu donner ma famille dans ce club et je pense surtout à mon grand-père, je ne pouvais dire non pour devenir président. Depuis que je suis tout petit, je le suis partout, lors des réunions, lorsqu’il se rendait tous les soirs à la salle, j’écoutais les résumés de journées lorsqu’il rentré le soir à la maison, c’est lui qui m’a transmis cette passion, cette addiction du basket-ball. Après avoir commencé l’arbitrage, il m’emmenait à tous mes matchs, comme je n’avais pas encore le permis, il me conseillait et n’hésitait pas à me dire quand j’étais « nul » (ça fait mal mais c’est comme ça que l’on progresse ) et me faisait redescendre sur terre quand il sentait que je commençais à m’envoler un peu… Maintenant il continue de me suivre depuis internet en suivant les résultats de mes rencontres, je l’appelle d’ailleurs après chaque match (rituel d’après match) pour lui expliquer comment cela s’est passé. Si il y’a bien une personne que je dois vraiment remercier et grâce à qui je suis arrivé là, c’est bien lui !!!
Propos recueillis par 5by5.fr (Mallory Boutet) le 30/08/2017
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