Yohan Rosso : « Ce fut un immense plaisir d’arbitrer cette finale mais aussi une grande responsabilité…. »

9 juin 2019

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Arbitre de la finale de la BCL, arbitre également de la finale de Coupe de France  et arbitre régulier en Jeep Elite et ProB, Yohan Rosso, 37 ans vit une année que l’on peut considérer comme parfaite. Montrés souvent du doigt de manière récurrente lors de défaites, les arbitres doivent gérer la « pression » du sifflet. C’est le cas notamment de Yohan Rosso, arbitre aujourd’hui en Jeep Elite, ProB et autres compétitions internationales ! Pour 5by5.fr, il  a eu le plaisir de se confier sur sa passion, sur ses finales qu’ils a pu arbitrer cette année, nous donne son point de vue, et nous parle de sa vie de tous les jours ! Interview inédite.

Bonjour Yohan, parles-nous de toi, qui es-tu, ?

« Bonjour,Yohan Rosso, 37 ans, arbitre international, professeur des écoles, en couple. »

Quel a été ton parcours dans le basket et dans l’arbitrage ?

« J’ai commencé à jouer au basket vers 7 ans, à entraîner à 11 ans et l’arbitrage à 13 ans. Je suis tombé dans la marmite petit grâce à mon père qui est président d’un club qu’il tient à bout de bras depuis 40 ans au Perreux sur Marne (94). Je lui ai donné un coup de main pendant de nombreuses années mais là ça devient compliqué d’être investi au club avec l’arbitrage international.
J’ai pendant longtemps continuer de jouer, jusqu’à l’année dernière et d’entraîner dans mon club de toujours l’Association Le Perreux Basket. Beaucoup disent qu’il faut choisir entre jouer et entraîner, je pense que c’est une grosse erreur, jouer apporte énormément à un arbitre: la condition physique, comprendre et ressentir les situations de jeu mais aussi les sensations, les frustrations que peuvent avoir tous les joueurs.
J’ai commencé l’arbitrage à 12-13 ans dans mon club avec mon père. On arbitrait parfois ensemble les matchs de jeunes puis j’ai passé la formation départementale sous un format de cours du soir, je me rappelle qu’on avait pas mal de séances le lundi soir. Le comité sous Christian Misser a bien voulu faire une exception à la règle qui autorisait à commencer l’arbitrage à 14 ans.
Ensuite, j’ai passé la formation régionale avec Armand Demir sous forme de cours au comité du Val de Marne.
La ligue île de France, sous la présidence de Stepan Bakirel, avait des stages de détection sélection pour faire travailler les jeunes potentiels et envoyer 3-4 personnes dans d’autres stages de sélection à niveau inter-zones et nationales. Le but est  à long terme d’atteindre le haut niveau.
J’ai passé ensuite ce qu’on appelait les stages de niveau. C’est un cursus regroupant 30 arbitres sur 3 ans de formation. Au bout de 3 ans, ils gardent entre 3 et 5 arbitres pour aller en Nm1. J’ai échoué une première fois vers 20 ans. J’étais extrêmement déçu mais je me suis dit « la vie ne s’arrête pas, je vais continuer de travailler et on verra » et puis quand j’ai commencé l’arbitrage je n’avais pas d’ambition d’arbitrer à si haut niveau donc ce n’était pas si dramatique. La deuxième fois fut la bonne! Une fois en NM1, il n’y a plus d’évolution par des stages parallèles, on est évalué sur les matchs, il y a un classement, les meilleurs montent et les moins bons descendent, comme les équipes. J’ai fait 3 ans en NM1, 3 ans en ProB et j’ai découvert la proA à 30 ans. Le timing était court pour devenir international car il faut être présenté avant 35 et avoir fait 3 ans en tant que 1er arbitre. J’ai beaucoup investi et travaillé. A cette époque, j’avais investi un peu d’argent pour travailler avec un coach mental Philippe Renaud ce qui m’a beaucoup aidé mentalement à gérer mon arrivée et mon adaptation à ce niveau. J’investissais aussi en allant voir des matchs même à l’étranger. Je suis allé voir plusieurs fois Eddie VIATOR arbitrer en live à l’étranger et notamment sur des Final 4. J’avais aussi payé des cours particuliers d’anglais. Le groupe qui dirige les arbitres m’a donné ma chance que j’ai su saisir avec beaucoup de travail, de sacrifices mais cela en valait la peine. 
Grâce à mon travail et à l’aide de la fédération, je deviens international en 2015 lors d’un stage en Turquie. Il faut savoir que la fédération française investit beaucoup dans la formation des arbitres.

J’arbitre en BCL depuis sa création il y a 3 ans. J’ai arbitré le tournoi qualificatif Olympique féminin en 2016, le championnat d’Europe féminin et masculin en 2017, la coupe du monde féminine en 2018, la suite reste à écrire. »

Pourquoi l’arbitrage ? qu’est-ce qui te plait ?

« L’arbitrage est une facette de ce sport que j’aime tant. J’en suis tombé amoureux en jouant et l’arbitrage m’a permis d’aller vers le haut niveau. L’arbitrage a un côté challengeant aussi…ça va vite, les gens autour de nous sont sous pression et il faut prendre les meilleures décisions possibles. C’est très formateur, je dis souvent que l’arbitrage est une école de la vie. »

Pour toi, qu’est-ce qu’un bon arbitre ?

« Un bon arbitre est celui qui prend les bonnes décisions, qui est capable de les expliquer si besoin, de les communiquer avec une image forte. C’est aussi quelqu’un d’honnête, d’humble et de travailleur au service des autres qui a une capacité à écouter, à observer et analyser tout ça pour prendre les bonnes décisions. »

Je suis heureux d’avoir pu vivre cette expérience et qu’on m’ait donné cette chance. »

Yohan, cette saison, tu as eu l’honneur d’arbitrer la finale de la BCL en mai dernier , parles-nous de ce moment, de ton arbitrage pour ce match ?

« La finale de la BCL a opposé cette année l’équipe espagnole de Tenerife et l’équipe italienne de Bologne devant 18.000 personnes en Belgique. Deux belles équipes issues de gros championnats, ce fut une belle expérience. La salle était magnifique. Les équipes sont bien sûr très concentrées sur leur objectif sportif. L’expérience a été enrichissante car une équipe passe un peu au travers de son match, ils sont frustrés et la relation avec les arbitres est toujours particulière dans ces moments là. Les joueurs, les coachs vous regardent ou vous parlent comme ci tout ceci était de notre faute alors que ce sont eux qui font ou ne font pas les choses pour en arriver là. Ce fut un immense plaisir d’arbitrer cette finale mais aussi une grande responsabilité. Je suis heureux d’avoir pu vivre cette expérience et qu’on m’ait donné cette chance. »

Par la suite, quelques semaines plus tard, tu as été arbitre pour une finale de Coupe de France, une finale au POPB devant beaucoup de monde, qu’as-tu ressenti à ce moment, comment arrives-tu à faire abstraction du contexte, du public, peut-être de la pression ?

« La finale de la Coupe de France à Bercy était un moment particulier parce que c’est une finale mais aussi parce que c’est à l’Hotel Accor Arena…la salle est juste magnifique !! En plus, j’avais la chance d’arbitrer avec deux supers collègues. Mehdi Difallah qui est un ami, on est arrivé la même année en NM1 et on a un parcours à peu près similaire, on échange, on discute beaucoup, on se soutient l’un l’autre. Gregory Dubois complétait notre trio, c’est un excellent mec, on a passé ensemble notre premier tournoi à l’étranger lors des jeux olympiques de la jeunesse au Pays Bas, je garde cette expérience comme un très bon souvenir. 

L’idée pour se préparer est d’arriver à contrôler deux choses, le niveau d’éveil (ne pas être trop énervé et ne pas être trop endormi, mou) et le niveau d’émotion (être dans le présent, juger ce qu’on voit, et non ressasser une éventuelle erreur ou penser aux conséquences positives comme négatives de la prestation du moment). En amont de la rencontre, il y a bien sûr un travail physique et un travail vidéo à faire. Le travail fait que je me sens en confiance. Les gens n’imaginent pas tout le travail que cela demande pour arbitrer à ce niveau. Le public me fait parfois rire, ils disent tellement de bêtises, de méchancetés par manque de connaissances et par manque de partialité que c’est rigolo. »

La finale de BCL, une finale de Coupe de France, peut-on dire que c’est ta plus belle saison en tant qu’arbitre ? pourquoi ?

« C’est une très belle saison, j’ai arbitré en septembre la finale des Championnats du monde féminin, en février  la finale de la Coupe intercontinentale à Rio, en mai la finale de la BCL, mi mai une finale de la coupe de France et je l’espère en juin un ou plusieurs matchs de la finale de Jeep Elite. Je ne regarde pas trop derrière moi et je suis plutôt à toujours poursuivre le prochain objectif et toujours travailler pour améliorer mon arbitrage mais c’est vrai qu’en y réfléchissant grâce à ta question, c’est exceptionnel de faire ça dans une saison. »

Quel est ton objectif dans l’arbitrage, à court terme, à long terme ?

« Mon objectif est de m’améliorer encore et encore, de faire la meilleure prestation possible à chaque match. Je prends chaque match comme un réel challenge pour faire du mieux possible. Mon objectif à court terme est de faire la meilleure performance possible sur les championnats du monde en Chine. Il faut savoir que le parcours d’un arbitre dans une compétition nationale dépend des résultats de sa nation. Si la France va en finale par exemple, je ne peux pas arbitrer. Je travaille aussi pour aller aux Jeux Olympiques en 2020. Je suis très ambitieux comme personne, je souhaite arbitrer du mieux possible tous les meilleurs matchs des meilleures compétitions. Tout ne sera certainement pas possible mais je travaille afin de ne pas avoir de regret quand tout ceci s’arrêtera. »

Que fais-tu en dehors ? Quelles sont tes autres passions ?

« En dehors de l’arbitrage, je suis professeur des écoles en Seine Saint Denis. Je fais parti de ce qu’on appelle le RASED, un réseau d’aide qui travaille avec des élèves en difficulté. Je travaille sur la difficulté scolaire et plus particulièrement autour de la lecture pour des élèves de CP, CE1, CE2.Sur le peu de temps libre que j’ai, j’aime profiter de la vie, partager des moments en famille, entre amis dès c’est possible. J’aime voyager et j’aime bien manger. »

Un très grand Merci à Yohan pour cette interview !

Auteur
Mallory

Mallory

Passionné par le sport et la communication sportive, Mallory est depuis 2014 responsable du site 5by5.fr. N'hésitez-pas à le contacter pour une demande d'interview ou pour toutes autres demandes en rapport avec 5by5 !