L’athlète du Sèvre Bocage AC, Sébastien Micheau est devenu en septembre dernier le nouveau Champion de France Elite de saut en hauteur avec une barre franchie à 2,18 mètres. Il n’a que 23 ans et une carrière prometteuse devant lui. Lors de ces Championnats de France à Albi, il a devancé Raphael Moudoulou et Dorian Tharaud. Il s’est aussi imposé chez les espoirs devant Dorian Lairi (2,04 m, Montpellier Athletic Mediterranée) et Cherubin Nsimba (2,04 m, Union Athlétique Occitane 31). Retour avec Sébastien Michaud sur ses débuts et son parcours, sur ce titre en septembre dernier et sur ses objectifs ! Interview inédite 5by5
Salut Sébastien, peux-tu nous parler de toi, de qui tu-es pour commencer ?
« Bonjour, je m’appelle Sébastien Micheau, j’ai 23 ans, je suis saper pompier volontaire au centre de secours de Cerizay depuis 4 ans et aussi en service civique au Sèvre Bocage Athletic Club et j’ai une licence de sport en management à la faculté des sciences et du sport de Poitiers. »
Avant d’évoquer notamment ton titre en septembre dernier, revenons sur ton parcours et tes débuts dans l’athlétisme, racontes-nous pourquoi tu as voulu faire ce sport là puis ton parcours ?
« Tout d’abord, je n’aurais jamais pensé à en arrivé là, je ne me destiné pas à un parcours comme celui là à la base, je ne pensais réaliser de telles performances de part mon gabarie et de part mes ambitions par exemple il y a quelques années auparavant, j’avais juste l’ambition de me faire plaisir et de faire du sport, j’ai découvert l’athlétisme grâce à l’Unss au collège, donc cela m’a permis de découvrir ce sport là, j’en ai pris goût. Au départ, je n’étais pas prévu pour faire du saut en hauteur mais plutôt du demi fond, je ne vais pas te cacher que cela m’a un peu souler (rire), je n’aimais pas forcément ça et pour le coup, j’ai fini par faire du saut en hauteur pour dépanner une équipe quand j’ai signé dans un club juste après, c’est un parcours un peu atypique oui ! »
Aujourd’hui en novembre 2020, où en es-tu exactement ?
« Grâce au statut de sportif de haut-niveau, cela n’a pas forcément trop changer par rapport au Covid, je m’entraîne toujours, avec des membres du pôle espoir athlétisme qui ont eux aussi la chance et le droit de pratiquer ce sport alors que certains n’ont pas forcément cette opportunité là, on se considère comme des personnes privilégiées, la fréquence d’entraînement tourne entre 7 et 9 séquences d’entraînement par semaine, et je m’entraîne souvent au stade Rébeilleau, parfois au Creps et je fais aussi des séances au nature quand le planning me le permet. »
Fais-tu encore des études à côté ?
« Je ne suis plus du tout dans les études et dans le cadre scolaire, j’ai eu ma licence dans le management du sport, là je suis en service civique et je prépare aussi le concours de sapeur pompier professionnel, cela me prend un peu de temps mais cela est vraiment ma vocation, j’ai fait des études exprès pour ça tout comme pour le sport, et j’aimerai vraiment être pompier. »
Sébastien, Vice-champion de France de saut en hauteur l’année dernière, tu es désormais le nouveau champion de France Elite depuis le samedi 12 septembre, Bravo ! Expliques-nous ce moment, cette finale, comment l’as-tu vécue ?
« J’avais vraiment l’idée de venir prendre le titre en Elite et en espoir, je ne m’attendais pas du tout à un concours comme ça, c’était un peu stressant, déjà il faisait très chaud et le tartin se décoller dans le virage, parce que j’ai une façon de sauter qui est assez dynamique dans ma course d’élan, et par moment je glissais donc je me suis fais quelques petites frayeur à l’échauffement pour mon saut à 2m13, c’était un petit peu flippant mais j’ai su utiliser mon mental, ce qui m’a permis de me remettre en question et d’aller titiller la barre des 2m18 et de la passer, j’ai réussi à le faire, ensuite on était 2 pour remporter le titre, de toute façon dans ma tête, il n’y avait pas d’autre option que de gagner, je me suis dit, ne lâche rien, si tu veux le battre, c’est là, c’est maintenant, tu l’as déjà fait, il fallait que je re-gagne, j’ai été régulier toute la saison, il y avait le public, du monde dans les tribunes derrière moi, je me suis redit, c’est maintenant, tu ne peux pas te laisser abattre, tu as du monde avec toi, et je me suis encouragé, j’ai franchi le 2m18 et j’ai réussi à être champion France Elite et espoir, c’est plutôt une belle consécration même si j’aurai aimé faire plus. »
le mental m’a aidé et c’est ce qui a aussi fait la différence… »
Qu’est-ce qui a fait la différence avec tes concurrents ?
« Nous ne sommes pas tous sur le même pied d’égalité, je ne sais pas comment mes adversaires s’étaient entraînés, personnellement, j’ai eu une belle opportunité pour pouvoir m’entraîner de mon côté de manière convenable même si je n’ai pas fait de sessions d’entraînements comme je le voulais, je suis revenu, j’ai eu un petit déclic, ce qui m’a permis d’être régulier, et je pense que c’est ça qui a fait la différence le jour J, de savoir qu’il n’y avait aucun doute possible de passer la barre à 2m15 et 2m18, voir sauter 2m20, et l’aspect mental m’a toujours servi lorsque la situation m’a parue compliquée, ça a été le cas ce jour là, le mental m’a aidé et c’est ce qui a aussi fait la différence. »
Un mot sur tes coachs et entraîneurs ?
« Oui, ce sont des personnes qui sont vraiment incroyables, notamment Ludovic Martin, Laurent Bodin et Fabien Lambolez, ils m’ont préparé pour cet événement là, ce moment là, pour le jour J. Ensuite, le jour J, ils pouvaient juste me donner des conseils puis me dire comment cela aller se passer mais sinon, c’était à moi de faire le job et je l’ai fait pour eux ! Préparer un athlète sur plusieurs années, même sur un an, il vaut bien qu’il y ait une récompense au bout d’un moment, et je suis fier de leur avoir ramené la médaille et ce titre ! Il le mérite tous les trois, ils ont une grande part de responsabilité dans ma réussite et je pense que de leur côté, ils sont très contents d’avoir pu participer à cet événement et content pour moi. »
En plus de ce titre, tu as le même jour, fait coup double en t’imposant également chez les espoirs devant Dorian Lairi , Bravo ! que te manque t-il selon toi pour encore plus fort et au sommet de ton sport ?
« Merci ! Déjà pour être plus fort, il va falloir que je travaille sur mes défauts en optimisant les séances notamment sur la musculation, et d’autres choses, il y a aussi plusieurs points à améliorer et du travail, donc c’est plutôt encourageant, car s’il n’y aurait pas de travail, cela voudrait dire que je serais peut-être en bout de course. Après, au sommet de ton sport, je ne sais pas si l’on peut parler de sommet, c’est surtout d’essayer de s’améliorer, je ne cherche pas forcément à être au sommet ou d’être meilleur que quelqu’un mais simplement prendre plaisir, j’ai des objectifs personnels en tête et j’essaie de m’entraîner chaque jour de m’entraîner de manière assidue pour les atteindre, je ne peux pas dire qu’il manque chose en particulier pour être au sommet, il faut peut-être juste du temps, et peut-être un petit facteur chance, mais surtout beaucoup de régularité, de volonté et de travail ! »
Quels sont tes objectifs justement ?
« Justement, je n’ai pas forcément d’objectifs, ils sont tracés et limités , j’essaie de me fixer des objectifs personnels, sans forcément penser à des médailles, ou à des qualifications à des compétitons, ce sont plus des objectifs de performance, comme le fait de me rapprocher des 2m25, c’est surtout ça, et puis progresser sur tous les petits exercices à côté comme la musculation, ce qui fera que je progresserai et que tous ses petits objectifs atteints m’aideront petit à petit à être plus fort sur plusieurs aspects, je vois plus la chose dans ce sens là. »
Sébastien, un mot sur l’actualité, es-tu impacté par le Covid, à titre personnel et dans ton sport ? comment et pourquoi ?
« Dans le sport, je n’ai pas l’impression que cela change grand chose pour moi dans mon train de vie, j’ai de la chance, j’ai un privilège, par rapport à d’autres sportives et sportifs de haut-niveau, de pouvoir m’entraîner et dans de bonnes conditions. Il y a des personnes qui n’ont pas la chance d’être sur liste et qui se battent tous les jours, donc on peut se considérer comme des privilégiés, les entrainements sont à peu près normaux. A titre personnel, j’ai vraiment conscience de l’impact du Covid notamment sur la situation chez nous en France, ce n’est pas anodin le fait que je sois pompier volontaire, on est tout de suite sensibilisé à ce qu’il se passe exactement dans notre pays. »
Pour finir, aurais-tu des dédicaces et remerciements à faire passer ?
« Oui, j’ai beaucoup de dédicaces à faire passer ! Si aujourd’hui, j’en suis là, avec mon parcours , mon évolution et mes performances, c’est du 50/50, le jour J, c’est moi qui suis sur la piste, je suis un peu la marionnette qui agit, mes coachs (Ludovic Martin, Laurent Bodin et Fabien Lambolez) mes amis (es), ma famille, mon club, c’est un groupe de personne qui arrive à faire en sorte que le jour J, j’arrive à réaliser ses performances et cela, il ne faut pas le nier, la performance est un travail d’équipe même si c’est un sport individuel, il faut bien prendre conscience de cela ! S’il n’y aurait pas de kiné, de coachs , un cercle familial, des amies et autres personnes qui sont là pour moi, je n’en serais pas là ! Je tiens à dire Merci à tous les acteurs, toutes les personnes, qui sont là et qui garantissent ma performance !
Merci à mes coachs vraiment, à mon club, Le Sèvre bocage Ac, la Ligue d’Athlétisme d’Aquitaine pour l’accès au pôle et aux infrastructures, donc Merci à eux ! On continue, un grand Merci à mes collègues pompiers qui s’adaptent pour moi notamment pour les gardes quand je dois m’entraîner, ils sont très compréhensifs donc Merci à eux, c’est un petit cercle vraiment important, ils ont conscience du pourquoi du comment par rapport à mon travail pour atteindre mes objectifs et m’aident à les réaliser !
Je tiens également à remercier du fond du coeur ma copine, Mallaury Bourloton qui est aussi athlète sur Poitiers, c’est vraiment une personne formidable qui m’aide à accomplir justement tout ce que j’ai réussi à entreprendre aujourd’hui, elle était là dans les meilleurs moments comme dans les pires et pour tout ça, j’aimerais vraiment lui dire Merci, c’est une personne incroyable et formidable qui donne envie de se battre, c’est une source de motivation et j’ai pleinement conscience de l’avoir dans ma vie !’
Un grand Merci à Sébastien.M pour l’interview et Bravo à lui pour son parcours ! Revivez sa victoire en vidéo en bas de l’article !